Berlusconi joue à qui perd perd

Silvio Berlusconi

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Silvio Berlusconi

Après vingt ans, la flûte magique s’est brisée. Les Italiens refusent de suivre la musique de Silvio Berlusconi. Les quatre lois voulues par le chef du gouvernement, dont celle qu’il a fabriquée de toutes pièces pour se protéger des procès en cours, ont été rejetées avec une avalanche de “si” lors des référendums abrogatifs pour lesquels près de 27 millions d’Italiens se sont déplacés. Et c’est justement cette participation qui constitue le véritable dénouement politique de ce vote. Berlusconi avait invité les Italiens à s’abstenir, à aller au bord de la mer. Le peuple lui a répondu par une journée de désobéissance nationale en se rendant massivement dans les urnes. D’autant qu’aucun référendum d’initiative populaire n’avait atteint le quorum [50 % plus une voix] depuis quinze ans. Après la défaite de la droite aux municipales, cette rébellion aussi répandue que désirée accélère encore la fin du “berlusconisme”, désormais vidé de toute énergie politique.

Celui qui invoquait le peuple contre les institutions, contre les organismes de garantie et contre la magistrature, celui qui avait cherché à vider de son sens le vote populaire, dont il avait si peur, celui-là même a été désavoué par le peuple de manière flagrante et retentissante. Pour le Cavaliere, la défaite est double : d’une part, vis-à-vis des lois qu’il a voulues et qu’il a portées ; d’autre part, vis-à-vis de la politique, car ces référendums étaient également un vote contre le gouvernement, contre Berlusconi et contre une aventure politique à bout de souffle et rejetée par les Italiens. Et c’est là que la défaite est la plus cinglante, avec ce plébiscite des citoyens, y compris de ceux qui ont voté non, dans des proportions jamais vues depuis des décennies, alors même que le gouvernement avait programmé le vote lors du week-end le plus estival possible, bien loin de la saison électorale habituelle. Berlusconi ne sait plus parler aux Italiens, pas plus qu’il ne sait les écouter. Parce qu’il ne les comprend plus. Et les Italiens lui tournent le dos. Attardons-nous quelques instants sur ce fait : là où Berlusconi s’arrête, une nouvelle politique commence. Ou, plutôt, Berlusconi s’arrête justement parce qu’a émergé une demande pour une nouvelle politique, qui cherche elle-même ses réponses et qui les trouve, au moins en partie.

Courrier international

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